Bangladesh : vers la fin de la guerre des Bégums

Bangladesh : vers la fin de la guerre des Bégums

C'est une guerre qu'elles se livrent depuis les années 1980 mais qui touche à son épilogue. Sheikh Hasina , 71 ans, actuelle Première ministre et chef de la ligue Awami, et Khaleda Zia, 73 ans, du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), se sont succédé au pouvoir à plusieurs reprises à Dacca. Dans cette « guerre des Begums » - qui a connu son apogée en 2014 avec le boycott des élections par le BNP - Sheikh Hasina est en position de force. Bien que trois fois Première ministre, Khaleda Zia est aujourd'hui malade et en prison , condamnée à 17 ans de réclusion pour des peines de corruption, « politiquement motivées » selon ses supporters. Elle ne peut donc prétendre gouverner, mais son influence reste très importante sur son parti et dans le pays. 

Sheikh Hasina, qui a déjà rempli trois mandats consécutifs depuis 2009, a donc toutes les chances d'en emporter un quatrième dimanche. Le climat est pourtant très tendu car elle fait montre d'une main de fer. La police aurait arrêté autour de 11.000 militants de l'opposition ces dernières semaines : les deux tiers issus du BNP et les autres de son allié, le parti islamiste Jamaat-el-Islami. 

La campagne a été marquée par de nombreux incidents, y compris par les attaques de plusieurs candidats du BNP, parfois à coups de couteau. « C'est une année exceptionnelle. Le régime est de plus en plus autoritaire et il a tenté de dissuader l'opposition de participer à l'élection. Cela pose de vraies questions sur la crédibilité de celle-ci », observe Ali Riaz, professeur de sciences politiques à Illinois State University. 

Forte croissance 

La répression politique et le développement récent de mouvements extrémistes dans ce pays jusque-là modéré de 160 millions de musulmans rendent la situation explosive. Certains observateurs craignent que la victoire de la ligue Awami ne causent des réactions violentes, faute d'avoir eu un processus électoral ouvert et juste. 

Ce serait au détriment du développement économique du pays. La croissance est soutenue depuis plusieurs années (7,8 % en 2018- la meilleure progression de son histoire- 7 % attendu en 2019) et le pays a fait un bond de 57 % sur l'échelle du développement humain entre 1990 et 2017, pour se classer 136e sur 189 pays. La confection de vêtements, qui représente 83,4 % des exportations, a augmenté de 8,8 % l'an passé.

« La croissance a fortement accéléré ces dix dernières années. Mais l'économie est sujette à un népotisme chronique », note Ali Riaz. « Cela  s'est traduit par de la corruption massive, une faible croissance de l'emploi et un accroissement des disparités », explique-t-il.

Selon un récent rapport de la Banque mondiale, « l'économie est en forte croissance, soutenue par la consommation et l'investissement public » mais elle doit continuer à se diversifier. Le déficit public comme le déficit courant se sont creusés, faute de revenus fiscaux suffisants et en raison de la hausse des importations. 

Le pays pourrait accélérer son développement en poussant les réformes, notamment dans le domaine  financier (manque de liquidités, crédits non performants, banques à restructurer). Enfin, le Bangladesh a désormais du mal à gérer l'accueil des Rohingyas , une communauté persécutée en  Birmanie. « Cela représente plus d'un million de personnes depuis un an et demi, les populations locales ont du mal à faire face », remarque Ali Riaz. 

News Courtesy:

https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/bangladesh-vers-la-fin-de-la-guerre-des-begums-267268

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